11 décembre 2020
Extraits de mon poème du temps de l'Avent et de Noël en quatre parties (première et deuxième)
Première partie
Prologue en quatre partie :
I
L’étoile
Trois rois se troubleront d’une nouvelle étoile mais seront rassurés
Ils s’en iront vers celui qui viendra pour naître habiter le logis des humains puis revenir en gloire à la fin des temps
Une mangeoire sera le Berceau
II
D’épicéa et de laurier
Sertie de pommes de pin de houx et de gui
Elle luira dans la nuit de quatre petites flammes
Telle est la seule couronne dont chacun peut rêver
III
Vigile
Le cœur du passereau ralentit dans la plus longue nuit
Il attend lui aussi l’avènement du jour
Dehors tout brille si froidement
Mais le balancier de l’horloge est toujours régulier
Le temps existe encore
IV
La crèche
Il fallait au plus grand mystère la plus humble demeure
Même pas une maison à peine une cabane
Un simple abri pour tous les lendemains du monde
Deuxième partie
L'attente et la veille
De ma prairie comme d’un îlot je vois l’église de mon village croiser dans le flot des nuées
Le clocher est le mât dans les jours calmes ou de tempête
Et voici dans la brise ou le vent l’alerte joyeuse des cloches
Celle du hameau dans la forêt où l’ombre tremble autour d’un cierge
Aussi le carillon des grandes villes qui pétillent en attente de la Fête
Et pour les temps de gloire l'Arche et la Nef en un même vaisseau
***
La patience et les rêves passent sous la lanterne
L’hellébore noir attend l’hiver près des futaies pour devenir la rose de Noël
Près de l’autel le cierge attend la nuit pour ouvrir l’ombre comme un livre
Nées l’une et l’autre de lointains obscurs la flamme et la fleur regardent très haut vers les voûtes où se dissipent les parfums de la forêt et de l’encens
Et c’est à l’heure la plus sombre où elles vacillent que le vieux monde va s’éclairer et rajeunir
(Extrait de mon recueil Célébrations, Fêtes et Circonstances. © Éditions Orage-Lagune-Express. Tous droits réservés.)
Et en musique :
Extrait de l'oratorio de Noël de Camille Saint-Saëns (1835-1921) : (Tollite Hostias) :
- Version orgue , transcription d'Eugène Gigout (1844-1925)
01:20 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : célébrations, fêtes, circonstances, christian cottet-emard, fêtes chrétiennes, temps de l'avent, noël, blog littéraire de christian cottet-emard, occident, couronne de l'avent, étoile, vigile, crèche, attente, veillée, berceau, mages, église, occident chrétien, france fille ainée de l'église, poèmes religieux, camille saint-saëns, oratorio de noël, tollite hostias, musique française, musique religieuse, éditions orage lagune express, clocher, cloches, roses de noël, orgue, chant, croix, nef, vaisseau, arche, carillon, gloire, bougie, veilleuse, cierge, eugène gigout, compositeurs français
09 décembre 2020
Commencement d'un nouveau carnet
Mon esprit plutôt lent et le harcèlement du quotidien m’obligent à tenir des carnets. Comparés à ceux d’autres auteurs, les miens sont assez mal tenus mais bien utiles pour ne pas trop perdre des moments vécus, des surprises de lecture, des colères ou des instants d’accord avec le monde. Ils me sont bouées dans le naufrage, cailloux dans la forêt.
À l'intérieur, mes carnets n’on rien de soigné, rien de la beauté chiffonnée (artistement brouillonne) de ces très esthétiques carnets d’écrivains recherchés par les collectionneurs ou, parfois, reproduits dans les magazines.
Mes carnets regorgent de ratures, d’écriture bâclée, parfois de fautes. Il s’agit d’aller vite. L’important est de capturer l’idée, la sensation, avant qu’elles ne s’échappent. Pas le temps de bien écrire, de calligraphier, d’autant qu’en fixant quelque chose qui passe dans la tête ou qui remonte de la mémoire, on le fait souvent très mal installé. Un jour, à Venise, j’ai posé mon carnet sur une des passerelles installées en prévision de l’alta aqua. Devant moi, je voyais l’eau du canal de la Giudecca déborder doucement sur le quai en un discret clapotis. Pattes de mouches, gribouillis, écriture sale.
Mes carnets bégaient. On peut y lire des choses ridicules, des projets avortés, des élucubrations de songe-creux. C’est la cuisine, une cuisine mal tenue. Dois-je la faire visiter ? Dois-je montrer ce qui m’entre dans la tête, ce que je prends pour une piste de réflexion ou une possible esquisse lorsque cela se présente juste avant le sommeil, au moment où je viens d’éteindre et lorsque je rallume pour noter et noter encore, à moitié hagard ?
Mes carnets sont spontanés, je ne le suis pas. Mon écriture ne l’est pas. Je tiens mes carnets car j’ai mauvaise mémoire, des difficultés de concentration et une bonne dose de sentimentalité.
Mes carnets ne sont que des pense-bêtes.
Feuilleter mes carnets de notes : j'ai en effet recours à ce bon vieux système pour tenter de fixer puis de me remémorer d'improbables moments de grâce capables de déchirer le voile poussiéreux du quotidien. J'allais ressortir du magasin l'image des pépites extraites du limon mais soyons modeste, en ce qui concerne mes esquisses, il ne s'agit que de cristaux glanés au hasard du sentier caillouteux ! De l'or, il y en a quand même dans ces pages de carnets. Il s'agit des citations, pensées épinglées tels des papillons de collection, vraies pépites celles-là, d'auteurs avec qui je me sens parfois en sympathie, glissées entre les bagues de cigares collées, les adresses, les photos, les beaux timbres, les coupures de presse et autres découpages, éparpillées dans ce petit matériel de dépannage pour réflexion à l'arrêt, en quelque sorte trousses de première urgence pour rêves égratignés...
Ce carnet que m’a offert ma fille, on dirait un gros morceau de chocolat noir. Il me plaît tellement que je n’ose pas le commencer à la légère. Je vais essayer de m’appliquer, de ne pas le couvrir de ratures, comme les autres. Je crois qu’il va être parfaitement adapté au recopiage de certaines notes que j’écris directement dans le canevas de mon blog. Ce sera une « sauvegarde de papier », en quelque sorte.
Ce carnet noir est différent de ceux que j’utilise d’habitude. Il s’agit d’une copie du fameux Moleskine fabriquée en Italie et vendue assez cher par rapport au modèle français d’origine, ce dernier étant désormais introuvable.
J’ai adopté depuis pas mal de temps des carnets à petits carreaux de marque Clairefontaine de format 11 X 17 cm, 192 pages, couvertures en couleur, pelliculées, avec motifs végétaux (écorces, brindilles, noeuds de bois...). Ces références à la nature m’apaisent. Solidement reliés et cousus, ils me permettent de coller aussi des fleurs séchées, des cartes postales, des tickets d’entrée de musées, de concerts, des publicités, toutes sortes de papiers qui attestent d’un voyage, d’un instant, d’un moment plus « vécu » qu’un autre. Il m’arrive de devoir revenir à ces papiers collés pour tenter de faire remonter vers la conscience un de ces souvenirs fugaces pouvant nourrir un texte ou un poème, voire un chapitre, une nouvelle ou un roman entier. À la fin, sous l’effet des épaisseurs de papier et des multiples manipulations et déplacements que je lui inflige, le carnet double comiquement de volume, se distend, se patine. La pellicule se décolle, sèche, se ride. Le carnet s’épaissit et vieillit, comme son propriétaire.
J'ai abandonné les carnets Clairefontaine parce qu'ils ont changé. Les couvertures n'ont plus ces motifs végétaux qui les caractérisaient et qui m'inspiraient. Je choisis maintenant dans ma réserve de carnets ramenés de voyages, notamment du Portugal.
(Extrait de mon livre Prairie journal, © Éditions Orage-Lagune-Express.)
Images / Carnet acheté lors d'un de mes séjours à Lisbonne.
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07 décembre 2020
Carnet / VGE à Oyonnax
Je me souviens d’une visite de Valéry Giscard d’Estaing à Oyonnax au début des années 80. Je débutais au Progrès.
Toute la rédaction de l’agence d’Oyonnax avait été mobilisée et chacun avait sa tâche. La mienne était de couvrir avec un collègue le dîner républicain qui avait lieu le soir de la visite présidentielle au hall des expositions (aujourd’hui Valexpo) et de rédiger des échos, c’est-à-dire des sortes de potins supposés divertissants mais surtout destinés à faire passer la pilule de ce genre d’actualité aussi digeste que le kloug de Monsieur Preskovic dans le film que vous savez.
Le dîner républicain regroupait des élus et des brochettes de notables auxquels un menu assez rustique était servi. Le repas était ponctué de leurs interventions et bien sûr de celles du principal invité dont il était de bon ton de boire les paroles entre la poire et le fromage, en l’occurrence une barre de comté qu’on lui laissait à peine le temps de mastiquer (c’est l’image qui m’est restée allez savoir pourquoi...).
J’avais un peu plus de vingt ans et pour moi qui ne votais même pas à cette époque, ce genre de soirée me faisait bâiller d’ennui, certes intérieurement mais énormément bâiller. Dans ces cas-là, muni de mon discret magnétophone Sony, je me mussais dans un coin et je laissais la machine écouter à ma place, un réflexe de survie intellectuelle dont je dus abuser quand je devins, au fil des années, coutumier de ces micro-sommeils aussi gênants pour moi que pour mes interlocuteurs lorsque je devais interviewer des personnalités politiques ou m’entretenir avec elles.
À l’agence le lendemain du dîner républicain, j’utilisai ce qui pouvait l’être des bandes enregistrées et l’idée me prit d’ajouter à mes échos un petit billet personnel que je jugeai conforme aux recommandations de mes chefs toujours soucieux de coller à la locale, comme ils disaient.
Je ne trouvai donc rien de mieux que d’écrire une vanne établissant un rapport fumeux entre l’activité locale de pose des similis, ces brillants de pacotille intégrés aux ornements de coiffure et autres articles de la production oyonnaxienne et la fameuse affaire des diamants de Bokassa.
Lorsque mon chef d’agence eut la bonne idée de lire ma copie, ses longs cheveux et sa barbe semblèrent traversés par un courant électrique dont l’intensité produisit un sonore Mais t’es fou !!!
Je ne dirais pas qu’il avait complètement tort mais en ces années 80, curieux mélange de grisaille et de paillettes, des fous, le métier en regorgeait, et il me fallut pas loin d’une décennie pour le quitter. Comme l’avait bien noté mon amie Marie-Ella Stellfeld en me tirant le portrait dans son roman Plastic instinct, j’allais encore promener mon look triste de jeune curé (l’uniforme du journaleux de ces années-là) dans bien des galères de la locale, cette province de papier où tout le monde est président de quelque chose.
Sur ce souvenir, bonne nuit, ou plutôt : « au revoir » .
03:04 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vge, giscard, président, oyonnax, ain, haut bugey, rhône alpes auvergne, politique, dîner républicain, journal le progrès, actualité locale, france, europe, blog littéraire de christian cottet-emard, carnet, note, journal, souvenir, presse quotidienne régionale, carte de presse, christian cottet-emard, valexpo, kloug, preskovic, le père noël est une ordure, simili, diamant, affaire des diamants, plastic instinct, marie-ella stellfeld, pétrelle